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  • Appel du monde académique français pour la Palestine

    Nous sousigné.e.s universitaires, chercheur.es, étudiant.es et personnel administratif travaillant dans l’enseignement supérieur et la recherche,  nous lançons cet appel en soutien aux Palestiniennes et aux Palestiniens et en particulier aux collègues et étudiants subissant la guerre israélienne et ce en réponse au récent appel unifié pour la justice et la liberté lancé par les établissements d’enseignement supérieur palestiniens1. Nous approuvons et saluons le lancement du mouvement des chercheurs contre la guerre en Palestine (SAWP) et nous appelons à un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent 2 . Nous exhortons tous les collègues et étudiants à se joindre à nous pour s’opposer activement à la destruction de Gaza et notamment des universités palestiniennes et aux attaques systématiques contre la communauté universitaire palestinienne dans son ensemble. Nous nous opposons aux graves violations par Israël des droits humains et de la liberté académique des Palestiniens, à la guerre génocidaire en cours à Gaza ainsi qu’aux arrestations et détentions arbitraires en particulier celles subies par les étudiants et le personnel palestinien dans les universités de Cisjordanie. Nous dénonçons également les campagnes d’intimidation et de violence exercées contre les Palestiniens dans les universités israéliennes.

    La destruction systématique du système éducatif en Palestine est une dimension centrale de la guerre israélienne visant les infrastructures civiques et sociales palestiniennes. Cette destruction fait partie d’un projet historique et continu de nettoyage ethnique et de fragmentation qui prive depuis 75 ans le peuple palestinien de ses droits les plus élémentaires y compris le retour des réfugiés Palestiniens à leur patrie. L’attaque d’Israël contre le système éducatif palestinien vise à renforcer un système de déplacement et de dépossession en s’attaquant à la vie culturelle, intellectuelle et politique du peuple palestinien. L’objectif est clair : empêcher le peuple palestinien de vivre, de s’épanouir, d’étudier et d’enseigner sur ses terres ancestrales et l’exclure d’une participation libre et pleine à la communauté universitaire internationale. En tant qu’universitaires, chercheur.es étudiant.es et personnel administratif, nous nous opposons avec la plus grande détermination à la brutalité de ces attaques, reconnaissant que l’éducation n’est pas seulement un droit humain fondamental mais aussi un pilier crucial pour la préservation de l’identité, du patrimoine et de la vie civique du peuple palestinien.  

    Les universités françaises sont indirectement complices de la destruction du système éducatif palestinien. Plusieurs d’entre elles ont des accords de coopération avec des entreprises impliquées dans l’occupation militaire, le colonialisme et l’apartheid d’Israël. Ce type de collaboration avec des entreprises qui ignorent et/ou profitent des violences subies par le peuple palestinien soulève des questions politiques et éthiques cruciales autour du rôle de nos établissements d’enseignement supérieur dans la perpétuation des systèmes d’oppression, de colonialisme et de violence 3 (exemples ci-dessous).

    Face à cette complicité, nous avons exprimé notre solidarité avec le peuple palestinien tant au niveau local que national en organisant des comités Palestine partout et ce malgré le climat de répression et de restriction des libertés académiques autour de la Palestine. Cet élan de solidarité au sein de nos communautés universitaires illustre un engagement envers une conduite éthique et un refus d’être des spectateurs passifs du génocide en cours. Nous devons poursuivre et intensifier nos actions de pression sur le gouvernement français afin d’exiger d’Israël un cessez-le-feu immédiat et permanent. Nous exhortons nos collègues à renouer avec la tradition universitaire de solidarité internationale contre le colonialisme, l’apartheid et le racisme. Nous les invitons à affirmer collectivement leur engagement à incarner les principes universels de justice et de liberté chers à notre métier.
    Une solidarité active du monde académique français contre la guerre génocidaire perpétrée par Israël contre les Palestiniens est d’autant plus urgente que le gouvernement français manifeste et exprime un soutien inconditionnel au gouvernement Israélien malgré les appels à un cessez-le-feu et à l’aide humanitaire. C’est pourquoi nous appelons tous les collègues et étudiants à se joindre à notre campagne et à :

    Intensifier la pression pour mettre fin à la guerre génocidaire à Gaza et rejoindre le mouvement international appelant à un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent.
    Pousser nos universités à agir activement contre le régime d’apartheid israélien : repérer les investissements, les contrats ou les accords de coopération avec les entreprises qui financent Israël et s’organiser pour les dénoncer. Appeler à rompre toute coopération avec des entreprises complices des crimes israéliens contre le peuple palestinien
    Défendre le droit des Palestiniens à l’éducation : Dénoncer la destruction du système éducatif et les restrictions des libertés académiques et politiques en Palestine. Exiger la fin des restrictions de la liberté de circulation des universitaires et étudiants palestiniens. Plaider pour la suppression des obstacles, qui entravent la capacité des universitaires et des étudiants à assister aux cours et à s’engager dans des activités académiques. Soutenir le droit des universitaires internationaux de visiter et de collaborer avec des collègues palestiniens.
    Établir des liens académiques avec des universités et des universitaires palestiniens afin de lutter contre l’isolement international de l’enseignement supérieur palestinien. Promouvoir les échanges, les projets communs, les programmes de bourses et les partenariats qui contribuent positivement au système éducatif palestinien.
    Soutenir et participer au Boycott Académique visant les institutions académiques israéliennes complices de la violation des droits des Palestiniens : S’abstenir de participer à des collaborations, des conférences ou des partenariats avec des institutions israéliennes, de recherche et d’État qui soutiennent ou contribuent à l’occupation et au nettoyage ethnique des Palestiniens et ce jusqu’à ce qu’Israël se conforme au droit international et aux principes universels des droits humains.
    Défendre la liberté d’expression : Résister à toute tentative visant à stigmatiser ou à faire taire le personnel académique et administratif et les étudiants des universités françaises engagés dans des campagnes de solidarité avec la Palestine. Utiliser l’espace universitaire pour parler de la Palestine en particulier pendant la semaine contre l’apartheid israélien.

    1. https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/12/04/un-appel-unifie-pour-la-justice-et-la-liberte-en-palestine/ ↩︎
    2. https://scholarsagainstwar.org/ ↩︎
    3. Exemples : https://www.sudeducation35.fr/2023/11/28/les-liaisons-dangereuses-de-luniversite-de-rennes-avec-larmement-et-la-surveillance-israelienne/

      https://agencemediapalestine.fr/blog/2023/11/17/cooperation-des-universites-europeennes-avec-israel-dans-les-programmes-de-recherche-sur-la-securite-de-lue/ ;

      https://aurdip.org/lettre-de-l-aurdip-au-president-de-5117
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  • Stop aux attaques contre la solidarité universitaire avec le peuple palestinien

    CUCCP


    Stop aux attaques contre la solidarité universitaire avec le peuple palestinien

    La coordination universitaire contre la colonisation en Palestine (CUCCP) a appelé à une journée de mobilisation universitaire européenne le 12 mars 2024.

    Stop au Génocide, Stop à la colonisation, Boycott universitaire contre Israël sont les mots d’ordre des rassemblements, conférences et manifestations organisés dans plus d’une vingtaine d’universités, partout en France (Paris, Aix-en-Provence, Montpellier, Strasbourg, Lyon, Toulouse, etc.) mais aussi dans plusieurs villes européennes (Pays-Bas, Espagne, Italie, en Angleterre, etc.)1.

    Nous nous félicitons de l’ampleur de cette grande mobilisation qui malgré les différentes formes de censure, d’intimidations et de diffamations marque un tournant historique en Europe2. Le monde académique européen et particulièrement français a affirmé son opposition claire et ferme à la complicité active des gouvernements européens dans la guerre génocidaire menée par Israël tout en exigeant le boycott des universités israéliennes complices du régime d’apartheid et colonial israélien3.

    Par ce communiqué, nous souhaitons dénoncer avec la plus grande fermeté la campagnediffamatoire et sans aucun fondement4, largement attisée par la blogosphère et instrumentalisée par le gouvernement français, que subissent les étudiant.es de Sciences Po par suite de leur belle et forte mobilisation pour le soutien du peuple palestinien le 12 mars.

    Nous dénonçons également la vague d’intimidations et de menaces contre les membres du comité Palestine Université Paris-Dauphine relayées par les réseaux sociaux à la suite d’un rassemblement de solidarité avec le peuple palestinien organisé le 12 mars réunissant plusieurs centaines d’étudiant.es, enseignant.es et personnel administratif5.

    Nous ne sommes pas dupes. Ces polémiques et attaques à chaque fois cousus de fil blanc ont un seul but : invisibiliser la mobilisation historique du monde académique français contre le Génocide à Gaza et contribuer à faire taire toute critique à l’encontre d’Israël.

    Nous condamnons avec la plus grande fermeté toutes les restrictions autour des libertés académiques en France, toutes les formes de censure et toutes les manœuvres indignes qui ont été utilisées par les instances de gouvernance universitaire, par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche et par le gouvernement français pour faire taire les voix solidaires avec le peuple palestinien dans le monde universitaire et empêcher les mobilisations du 12 mars6.

    Nous apportons notre soutien inconditionnel aux étudiants de Sciences Po Paris mais aussi à tous les étudiant.es et les enseignant.es qui subissent différentes formes de harcèlement depuis le 12 mars dernier7.

    Nous appelons à la protection des étudiant.es palestinien.nes et militant.es pour la cause palestinienne contre les formes d’intimidation qu’ils subissent actuellement ainsi qu’au respect de la liberté académique et de l’exercice politique au sein des institutions universitaires.

    Le 12 mars 2024 marque le retour de la question palestinienne et des enjeux de solidarité universitaire au centre du débat universitaire. La grande mobilisation de la communauté universitaire témoigne du fossé qui se creuse entre, d’un côté, les dirigeants de ce pays et les instances de gouvernance de l’institution universitaire, et de l’autre, celles et ceux qui font vivre cette dernière : les étudiant.es, les enseignant.es et le personnel administratif. Plus que jamais, les actions de solidarité avec le peuple palestinien vont continuer et s’accroître pour dénoncer les crimes subis par les Palestiniens et Palestiniennes, l’éducide en cours en Palestine et la complicité du gouvernement français dans ces massacres. Plusieurs actions, journées d’étude et rencontres autour de la Palestine sont prévues dans les prochaines semaines dans différentes universités.

    La coordination appelle donc à continuer les mobilisations dans toutes les universités, à soutenir et à faire entendre haut et fort notre voix pour la Palestine et le peuple palestinien. Si soutenir le peuple palestinien est un devoir aussi bien politique que moral, s’opposer à la complicité du gouvernement français dans ces massacres, est aussi un enjeu national.

    Refuser et dénoncer les attaques contre la solidarité universitaire avec le peuple palestinien, c’est adopter la condition de la résistance et de refus vis-à-vis de la montée de l’autoritarisme et de l’extrême droite dans ce pays.

    1. ↩︎
    2. ↩︎
    3. ↩︎
    4. ↩︎
    5. ↩︎
    6. ↩︎
    7. ↩︎